Cet article participe à l’événement inter-blogueur·ses organisé par le blog Merveilleuses-Jacquelines.com
« À 16h30, cet après-midi ensoleillé d’octobre 2014, le bus était presque vide.
J’ai posé mon sac à dos sur mes 2 valises chargées et j’ai choisi un siège au milieu du bus, à côté de la fenêtre.
La porte du bus était toujours ouverte…
L’air sentait l’automne et le soleil commençait à se coucher sur les falaises en face.
La porte était toujours ouverte…
J’ai regardé par la fenêtre, mon amie me faisait signe sur le quai de départ.
La porte était toujours ouverte.
Il aurait été tellement logique de descendre. Quelques pas… Cela n’était rien…
Mais je ne l’ai pas fait.
Je suis restée sur place. J’ai écouté la respiration sifflante de la suspension et j’ai senti le tremblement du moteur alors qu’il prenait vie.
Et j’ai regardé la porte du bus se refermer.
Nous avons fait un bond en avant. Et nous avons commencé à avancer. J’ai fait un dernier signe de la main… puis, j’ai regardé en face, vers ces falaises que j’avais contemplées ces 3 dernières années.
J’ai regardé le soleil se coucher et j’ai senti la température baisser, quand il a disparu.
Silencieusement, j’ai dit au-revoir à ce village qui m’avait accueilli.
J’ai attendu que la panique vienne s’installer.
Cela n’a pas été le cas.
J’ai attendu que mon ventre se noue.
Cela n’a pas été le cas.
Je ne savais pas pourquoi.
J’aurais dû être une épave. Logiquement, cela aurait dû l’être.
J’étais nouvellement sans emploi, au bord du burnout…
Mon appartement était vide, mis sur le marché pour être loué et couvrir le prêt pendant mon absence. J’avais fait la tournée d’au-revoir à la famille sachant que je ne les reverrais pas durant un long moment.
Je quittais tout ce que je connaissais.
Je ne savais pas pour combien de temps, je partais.
Je ne savais pas ce que j’allais découvrir.
Je ne savais plus vraiment, ce que je faisais dans ce monde.
Mais je savais que finalement, je faisais quelque chose. J’avais la certitude, au fond de moi, que ça allait marcher.
Parce qu’il le fallait. »
Je n’en ai pas parlé…
Le fait que je ne descende pas du bus, n’est pas la chose la plus importante pour TOI et ton histoire.
Le plus important pour toi est la raison pour laquelle je ne suis pas descendue..
Ce qui a fait que je suis restée sur ce siège, stoïque, voire même étonnamment sereine jusqu’à l’aéroport…
Ce qui m’a fait traverser l’incertitude qui a suivi.
Personne n’a vraiment compris à l’époque mais celles qui l’ont fait, m’avaient poussée à entrer dans ce bus. En réalité, je crois que je n’avais pas compris moi-même, ce qu’il s’était vraiment passé.
Je n’arrivais pas à en parler.
J’ai atterri dans un nouveau pays, dans une nouvelle vie et il y avait de l’espoir.
Je pensais être franche et partager mon expérience avec les autres. Et j’ai découvert que je ne pouvais même pas commencer l’histoire sans avoir les larmes aux yeux et la gorge qui se noue.
C’est toujours un peu vrai, en fait.
Quand les personnes me demandaient : « Que s’est-il passé? Pourquoi as-tu décidé de venir ici? » Je me sentais sur le point de m’étouffer et je changeais joyeusement de sujet, ou je restais sur des banalités, sans donner la raison la plus profonde.
3 ans plus tard…
Je ne l’ai pas traité au niveau émotionnel.
Je ne pouvais pas regarder en arrière.
Mais 3 ans plus tard, quand j’ai commencé à accompagner mes clientes, quand j’ai commencé à partager mon expérience, et mes compétences, j’ai réalisé que je voulais parler du vrai problème sous-jacent : le burnout ou l’épuisement.
Je n’avais jamais pu mettre ces mots sur ce que j’avais vécu et ressenti.
Je suis psychologue du travail, de formation. Au cours de ces 10 premières années, j’ai accompagné des entreprises dans la gestion de leurs ressources humaines.
Je connais ce sujet.
J’y suis sensibilisée et je mets en place des actions pour que ces entreprises préviennent les risques pour leurs salarié·es.
J’adorais mon travail. J’aime à croire que je suis douée dans mon domaine. Je suis une personne forte, qui anime la galerie. Je suis reconnue par mes ami·es pour les aider à prendre du recul et de la hauteur…
Mais je ne l’ai pas vu venir pour moi.
Cela a commencé par des difficultés dans ma vie personnelle. Petit à petit, je me suis mise de plus en plus de pression.
J’ai commencé à douter de moi et au fur et à mesure, cela a déteint sur ma vie professionnelle.
Je ne le savais pas encore.
Le stress, les sentiments incontrôlables, la précipitation, m’ont tous semblé familiers. Alors, je n’y ai pas prêté attention, comme étant des signes de danger.
Au lieu de cela, j’ai mis un mouchoir dessus. Je me répétais sans cesse :
- « Ça va aller. »
- « Encore un effort, tu vas y arriver ».
- « Tu es forte, tu peux dépasser cela. »
- « Arrête de te plaindre, et continue! Avance! »…
Le chêne et le roseau
Comme le chêne face au roseau, j’ai accentué le déni et j’ai résisté à la tempête qui était de plus en plus forte.
J’ai serré les points…
… J’ai serré les dents…
… Je me suis redressée…
… Je me suis raidie…
De plus en plus…
Heureusement, deux amies psy m’ont donné chacune une bonne claque, à un intervalle très proche, et je me suis réveillée avant qu’il ne soit trop tard.
C’est à ce moment-là, que j’ai pris la décision de monter dans ce bus et de reprendre ma vie en main.
Il ne m’a fallu que 4 mois, pour tout organiser et tout mettre en place.
À partir de ce moment-là, tout s’est éclairé…
Même des projets sur lesquels je butais depuis 2 ans, se sont mis en place, presque naturellement, juste avant mon départ.
Mais je n’en ai pas vraiment parlé…
Je n’ai pas vraiment mis de mots sur ce que j’avais ressenti et vécu.
Il fallait que je continue à aller de l’avant, sans me retourner…
Pour ne pas risquer de vraiment m’effondrer.
(Pour éviter cela, je te conseille l’article « 5 pistes pour garder confiance lors d’un burnout »)
La stratégie du chêne
J’ai attendu plus de 3 ans, avant de pouvoir le faire…
J’ai continué avec le fonctionnement du chêne, fort et puissant qui se redresse et résiste aux tempêtes extérieures…
Un peu fier et un peu buté aussi.
C’était la seule stratégie que je connaissais et qui semblait fonctionner pour moi…
Mais fonctionne-t-elle vraiment?
À ce moment-là, nous utilisons la meilleure stratégie que nous connaissons et nous faisons de notre mieux.
Nous n’avons pas à ajouter encore plus de discours violents et de culpabilité, comme nous savons déjà si bien le faire et qui ne font qu’ajouter encore plus à l’épuisement.
Mais je dois bien reconnaître, aujourd’hui, 6 ans après être montée dans ce bus, que cette stratégie n’est pas la meilleure.
J’ai enfin compris.
La stratégie du roseau
La stratégie du roseau, plus souple, plus flexible aussi, sur les événements, est au final, plus ancrée et plus équilibrée.
Et c’est en utilisant cette stratégie que nous pouvons vraiment aller de l’avant, pour alimenter notre bien-être et nous créer une vie plus heureuse, plus épanouissante et plus riche que jamais.
Le roseau n’est pas moins fort que le chêne.
Il ne nie pas la violence du vent et des tempêtes extérieures.
Au contraire, il utilise judicieusement ses forces, pour les traverser sans s’épuiser.
Savoir plier, ne signifie pas non plus tout accepter. Nous acceptons de vivre des moments difficiles, mais nous n’acceptons pas pour autant de rester toujours dedans et de continuer à les subir.
Nous apprenons à écouter les messages que ces moments nous apportent, en retirer le meilleur, et ajuster la direction de notre vie pour aller vers ce que nous voulons vraiment obtenir.
Alors, es-tu un chêne ou un roseau?
Ah au fait… La raison pour laquelle je ne suis pas descendue de ce bus, alors que j’aurais pu avoir 1 000 raisons de le faire, c’est que je m’y étais engagée.
J’avais décidé de reprendre ma vie en main, de devenir actrice de ma vie et non plus, une spectatrice qui subit. Et je savais au fond de moi, que la seule manière d’y arriver était de rester dans ce bus et de tout changer dans ma vie.
Si tu veux vraiment aller vers une vie équilibrée que tu aimes, tu vas rencontrer tout un tas d’obstacles, réels, imaginés, physiques, émotionnels, financiers, et autres…
Tu vas avoir des tas d’occasions d’abandonner (et de descendre du bus) et 30 000 bonnes raisons de le faire… Beaucoup le font en réalité…
Donc, avant toute chose, avant de savoir comment changer et quoi faire, nous devons construire des fondations solides.
C’est la seule différence entre les « professionnelles bloquées » et les professionnelles accomplies.
Attache-toi de tout ton cœur, ton corps et ton âme, à un résultat que TU as choisi!
Remarque :
- L’engagement ne signifie pas tout abandonner et réserver un aller simple vers un autre pays (même si cela a été mon choix).
- Il ne s’agit pas non plus de démissionner d’un poste salarié à temps plein, respectable, et suffisamment bien rémunéré (même si c’est ce que j’ai fait).
- Il ne s’agit pas de te sentir incomprise, pleine de doute, nerveuse sur le fait de ne plus être respectée par ta famille, voire même d’en être rejetée (même si c’est ce que j’ai ressenti).
Ton changement de vie professionnelle sera probablement très différent du mien, en fonction de là où tu en es, de qui tu es, de ton expérience…
Bref, en fonction de ton unicité!
À ce niveau, les détails ne sont pas le plus important.
Alors que dois-tu faire maintenant?
Ce n’est pas très compliqué en fait.
L’engagement est : soit tu le fais, soit tu ne le fais pas.
Soit tu es dedans, soit tu es dehors.
Donc, pour commencer, tu dois choisir.
Tu ne dois pas juste le dire. Tu dois en être profondément convaincue à l’intérieur de toi!
Sinon, ça ne marchera pas.
Un engagement sonne comme une grande décision audacieuse.
Cela brille.
Si cela ressemble à une liste de choses à faire, ce n’est pas un engagement…
C’est une liste… de choses à faire.
Quel joli texte Agnès ! Merci
Merci! Ça a été un plaisir de l’écrire 😉
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